Ce blog va te montrer périodiquement de courts épisodes de l’histoire de Dina Bélanger. Si tu veux oxygéner ta vie, n’oublie pas de lire… ni d’écrire tes commentaires.

La RÉPUTATION DE SAINTETÉ de Dina Bélanger est devenue universelle après sa béatification.

jeudi 29 décembre 2016

EPILOGUE

Tout au long de son existence, comme les “pauvres de Yahvé”, Dina a découvert petit à petit les mystères qui marquèrent sa vie: humble recherche, pénombre opaque, foi profonde, disponibilité confiante, fidélité inconditionnelle, abandon illimité et c’est ainsi qu’elle s’achemina dans les régions infinies de Dieu.
Croire, c’est confier, c’est laisser faire, c’est surtout se donner, c’est aimer. Dina est passée sur cette terre en nous laissant, non seulement sa trace dans le sable mais surtout la trace de Dieu. Elle nous a présenté Dieu comme la Beauté suprême, l’Amour qui veut être aimé, un clair de lune ininterrompu sur la mer de nos vies, enflammant en nous la nostalgie de Lui.
L’Autobiographie de Dina n’est pas le fruit d’une réflexion théologique; elle n’a jamais étudié la théologie. Dina fut une chercheuse de Dieu, silencieuse comme la brise légère, tranquille comme la paix, attentive comme le veilleur qui scrute un horizon sans couchant. Dina fut l’écho fidèle de la Parole de Dieu, sans chercher d’interprétations, sans  prendre l’initiative parce que Dieu seul est le protagoniste. Dans ses écrits, Dina nous laisse entrevoir sa vie et son âme, s’ouvrant comme une fleur que les rayons du soleil envahissent.
Maintenant que tu as connu un peu du cheminement de Dina dans notre monde, si tu le veux, tu peux continuer à approfondir sa vie pour découvrir la partition complète. N’oublie pas que l’essentiel, c’est l’œuvre de Dieu, cachée aux yeux humains et que la partition complète de toute vie demande notre correspondance si nous voulons que sa mélodie puisse être entendue entièrement.
Merci Dina pour ta vie et pour ta constante fidélité à la grâce. Aide-nous pour que la partition de nos vies soit ajustée comme la tienne et laisse entendre une mélodie :   une mélodie à la plus grande gloire de Dieu.

mardi 20 décembre 2016

Aujourd’hui, je veux que tu entendes la Maîtresse des novices de Dina. Elle fut la confidente des grandes grâces que Dieu lui accordait. Entrons sur ce terrain sacré où Dieu est le protagoniste principal : vraiment, le chemin où Dieu la menait nous donne le vertige !  Sa vie comme religieuse fut très courte, seulement huit ans. Ce fut suffisant pour pouvoir pénétrer au plus profond du mystère de Dieu et y naviguer en eaux profondes.  Par obéissance, Dina nous l’a raconté elle-même dans son Autobiographie.
Dina s’ouvrait totalement à sa Maîtresse de ce qui se passait en elle ; elle lui racontait tout ce qui lui arrivait parce que face à l’océan de grâces divines qu’elle recevait, elle avait peur de l’illusion.
La Maîtresse nous dit:
Quand Dina me parlait de ses communications, je me montrais inquiète et je le lui faisais sentir; je savais qu’elle était tellement sensible que ce serait une épreuve pour elle.  En voyant mon inquiétude, elle pleurait: “ Pourquoi ne suis-je pas comme les autres ? ”.  Ce qui la remplissait de joie quand elle entendait la voix de Jésus, se transformait ensuite en un vrai tourment. La paix ne lui revenait que lorsque je lui disais que c’était la volonté de Dieu.
Elle était très simple et, alors que grandissait son intimité avec Jésus, elle continuait en tout la vie du noviciat.
Un jour où elle m’avait confié qu’elle était en profonde communication avec Dieu, les novices firent une excursion; elle riait, s’amusait avec les autres et comme elles; extérieurement, mais rien ne révélait son secret.
La Maîtresse dit que dans l’ensemble de la vie religieuse de Dina, on peut découvrir des sources de souffrance:
Une de ces sources était la vie communautaire car elle avait une nature sensible et délicate.  Une autre source de souffrance fut sa maladie qui l’obligeait, sur conseil du médecin, à rester immobile pendant des heures, étendue et évitant tout mouvement pour prendre soin de ses poumons. La plus grande souffrance survenait quand le Seigneur lui offrait son calice pour qu’elle participe à son agonie avec toutes les sortes de souffrance que lui a vécues : abattement, peur, tristesse, ennui, abandon, etc.
Une autre grande souffrance que nous pouvons difficilement mesurer était cette nostalgie du ciel dont souffre l’âme à qui le Seigneur se révèle plus spécialement.  Alors, la foi consiste à marcher comme les pèlerins, comme Abraham, comme Marie…
Un moment fort de la vie de Dina fut quand Jésus lui annonça qu’elle mourrait le 15 août 1924. La Maîtresse raconte que quelques jours avant cette date, elle alla la voir à l’infirmerie et voyant que sa maladie n’empirait pas, lui dit: « Vous n’avez pas l’air d’une mourante ». Dina accepta humblement cette remarque et garda le silence.
La Maîtresse nous raconte que le 15  août étant passé, elle lui fit voir qu’elle pouvait vivre dans l’illusion. Dina répondit tout  simplement qu’elle s’était trompée. Elle en profita pour s’humilier et elle ne se découragea pas. Elle continua à agir comme avant sans se troubler et avec encore plus de ferveur. Après cette date, je me suis rendu compte que pendant une longue période de temps, elle n’avait pas de communications mais que sa foi et son amour pour le Seigneur étaient plus intenses. La mort que le Seigneur lui avait annoncée, et qu’elle ne comprenait pas, était une mort mystique et alors, elle était envahie par le manteau du silence. Ce silence de Dieu, enveloppant et déconcertant, peut provoquer une vague impression d’insécurité et amener à se demander si tout cela était vrai, si ce n’était pas le fruit de son imagination ou si réellement c’était l’action de Dieu. Plus la manifestation de Dieu est grande, plus le silence postérieur est dur. Dina n’a pas douté, elle a continué à s’abandonner et plus tard, Dieu a continué à se manifester à elle par des grâces encore plus grandes.
Dina est toujours restée ouverte avec sa Maîtresse et celle-ci nous dit que quand elle lui confiait quelque chose, elle était sûre que c’était la vérité ; même si elle craignait une possible illusion, il n’y avait rien qui pouvait appuyer ses craintes.
Les témoignages pourraient continuer mais il y a un silence qui parle plus fort que les paroles. Je te laisse avec Dina…




lundi 12 décembre 2016

TÉMOIGNAGES: Ses sœurs en religion

Dina laissa tout ce qui aurait pu être un avenir plein d’attrait, une vie de famille intime, une carrière musicale pleine de succès, un futur prometteur, la possibilité d’avoir un foyer heureux … et tout pour répondre par un OUI à l’appel d’un Dieu qui passe avant tout. 
Dina laissa une trace à ses sœurs. Nous allons les écouter. Elles nous disent ce qu’elles constatèrent par ses attitudes plus que par ses paroles :
Sa grande simplicité.
  • Elle était si discrète qu’il semblait que sa personne ne comptait pas à ses yeux. Sa grande humilité laissait cachés ses talents.
  • Extérieurement elle était comme tout le monde. Personne n’imaginait qu’elle était objet de dons extraordinaires.
  • Dans les moments de détente, si la conversation était trop animée, elle se taisait pour laisser aux autres la joie de raconter ce qui s’était passé.
Sa joie.
·  Les novices organisaient des après-midis récréatifs, littéraires, musicaux. Dina prenait une grande part dans la composition et dans le jeu. Ses saynètes divertissaient tout le monde. On pourrait penser que sa timidité l’empêcherait de tenir un rôle rempli d’esprit; au contraire, quand on lui confiait  quelque chose, elle était très amusante, le faisait avec spontanéité, tact et jovialité.
Son oubli d’elle-même.
  • Au noviciat, on assignait à chacune des travaux. Quand ils n’étaient pas assignés, elle choisissait toujours le plus dur et s’offrait à remplacer celles qui avaient les travaux les plus lourds. Elle le faisait avec tant d’amabilité qu’elle les gagnait.
  • Elle voulait toujours rendre les autres heureuses et il fallait faire attention aux plus petits désirs qui s’exprimaient parce qu’elle les réalisait rapidement. Si elle pouvait faire plus, elle ne voulait pas faire moins.
  • Très affable et bonne, même jusqu’à la condescendance, particulièrement avec une religieuse qui la faisait souffrir.
Son austérité.
  • Dina n’aimait pas les pommes. Ses parents qui l’ignoraient, lui apportaient souvent ce fruit et sa supérieure, en prenant compte de sa santé, souhaitait qu’elle les mange. Dina mangea des pommes durant des mois jusqu’à ce que la Maîtresse des novices découvre la répugnance qu’elle avait pour elles.
  • Tout le temps qu’elle fut à l’infirmerie, Dina souffrit en pensant que ses sœurs devaient la servir. Elle aurait préféré changer de rôle. Elle était toujours admirative et reconnaissante pour la plus petite attention, le plus petit service. Elle n’était pas exigeante, elle paraissait plutôt surprise qu’on ait pu penser à elle. Elle supportait les souffrances de l’infirmité sans rien dire, sans que cela se voie. Jamais une plainte. Ce qui attirait le plus l’attention était son sourire au milieu de toutes les contradictions.
Sa serviabilité.
  • Parfois, les travaux qu’on lui demandait s’accumulaient : compositions, chansons, copies, correspondance, registres, traductions… mais elle ne se sentait jamais surchargée. On dit, qu’après sa mort, elles furent surprises de voir combien elle avait travaillé en étant malade.
  • Elle disait toujours quelque chose de bon des personnes. Elle donnait l’impression de ne pas voir le côté négatif ou le moins bon des autres.
·         Pendant qu’elle put donner des classes de musique, elle le fit avec beaucoup d’intérêt et elle fut très appréciée. Elle était exigeante, mais très aimable. Elle cherchait seulement à donner le meilleur d’elle-même et le bien de chacune de ses élèves.
Je pourrais te dire beaucoup plus, mais je crois que tu as déjà pu apercevoir comment était Dina. Tu peux toi-même en tirer la conclusion …

dimanche 4 décembre 2016

TÉMOIGNAGES: Ses compagnes de New-York

Suivons-la maintenant durant les deux ans qu’elle vécut à New-York. C’était une période d’effort pour les études, des moments très heureux en raison de sa grande passion pour la musique, de vivre le tout avec la charge vitale d’une jeune qui découvre avec étonnement ce qui l’entoure dans cette si grande métropole, du contact épistolaire presque quotidien avec ses parents pour les remercier du sacrifice et pour qu’ils ne sentent pas tant le vide de la séparation.
Elle fut là-bas avec deux compagnes canadiennes : Bernadette  et Aline.
Les deux la voyaient comme une jeune aimable, oublieuse d’elle-même pour leur faire plaisir. Très appliquée à l'étude de la musique, mais capable de rompre la monotonie et de rire de n’importe quelle bagatelle. Dina était très joyeuse, riait facilement et acceptait bien que nous la taquinions sachant capter les plaisanteries. Elle avait une volonté bien disciplinée, ferme mais modérée de douceur. Beaucoup d’ordre et soin des choses, mais elle ne faisait jamais allusion au fait que les autres nous ne l’avions pas… Elle faisait comme si elle ne s’en rendait pas compte.
Elle était plutôt timide, mais elle se surmontait quand il fallait distraire les autres. Lors d’une conversation, elle avait toujours une parole à point pour amener son interlocuteur à se sentir à l’aise. Elle était réservée, le vacarme ne lui était pas naturel, mais elle était si aimable que personne ne pouvait imaginer les efforts pour être amusante.
Son caractère fort, manifesté dès son jeune âge, continuait à la trahir en la faisant souffrir. Un jour, ils lui firent brusquement une remarque sur sa manière de jouer du piano. Bernadette raconte : J’étais dans ma chambre. Quand je la vis entrer, j’ai vu son extrême pâleur et je lui ai demandé: Qu’est-ce que tu as ? Es-tu malade ? Elle se mit à pleurer. J’ai répété ma question… A travers les larmes, elle me dit : “je suis une orgueilleuse seulement. Ce qu’ils viennent de me dire c’est la vérité ”. Dina acceptait cette observation un peu exagérée, mais son tempérament se rebellait. Après quelques années, elle s’est trouvée avec cette personne et elle fut si discrète et aimable que personne ne put imaginer qu’un jour elle lui avait dit quelque chose de très désagréable.
Bernadette, avec laquelle elle partageait la chambre, lui proposa lors de la Semaine Sainte de prier durant la nuit du Jeudi au Vendredi Saint. Dina se sentit heureuse, mais elle ne voulait pas que les autres compagnes s’en rendent compte. Nous avons caché la lumière et nous avons prié une heure.  Dina fut toujours fidèle au règlement de vie spirituelle qu’elle s’était tracé à Québec. Elle aurait pu se dispenser de la Messe quotidienne en raison de sa santé, mais elle ne l’a pas même rêver. Aline ajoute que tous les soirs, elle la voyait priant avec ferveur, à genoux à la table de communion, sans bouger, avec la tête dans les mains, durant une demi-heure ou trois quarts d’heure.
En vacances, Bernadette raconte qu’elles sont allées en bateau à Chicoutimi (Québec). Au retour, suite à un mal entendu, les cabines réservées n’étaient pas libres. Le soir, arriva au salon où nous étions un voyageur à moitié ivre. Dina a vu ma grande inquiétude et dit : “Tu verras, nous aurons une cabine” et commença à tousser. A l’écouter tousser un employé lui offrit une couverture de laine, mais elle continua à tousser. A une heure du matin, l’employé revint triomphant en disant qu’il avait une cabine pour nous. En entrant dans celle-ci, Dina s’assit sur le lit, commença à rire : “je te l’avais dit que nous aurions une cabine”. Pour le moment, j’ai trouvé cela amusant, mais après, Je me suis rendu compte qu’elle organisa le stratagème, pour m’aider en voyant mon inquiétude.



samedi 26 novembre 2016

TÉMOIGNAGES: Ses amies et voisins

Maintenant nous allons la suivre de près dans sa vie de jeune à Québec, avant et après son séjour à New-York. De 16 à 24 ans, c’est une grande période pour savoir comment était Dina. Ses amies nous le racontent :
J’avais 15 ans et elle quelque 20 ans. Elle m’offrit de m’aider pour mes devoirs scolaires. J’allai à sa maison, je lui montrai mes compositions littéraires ou je lui demandai de l’aide pour résoudre les problèmes d’algèbre. Grâce à ses indications précises et pour le don inné qu’elle avait de communiquer ses connaissances, j’arrivai à être rapidement forte en mathématiques. Elle m’a toujours fascinée, surtout par sa joie juvénile et communicative. Elle savait rire et nous taquiner. Je la trouvais très belle et je l’admirais, sans comprendre exactement que sa personnalité si attractive était seule l’irradiation d’une vie intérieure intense. Elle était extrêmement douce et son âme d’artiste se révélait limpidement quand elle jouait avec brio les morceaux des plus grands musiciens.
Elle ne protestait pas quand on lui demandait de jouer une composition musicale. Elle l’exécutait tout de suite. Elle voulait faire plaisir à tout le monde. Elle ne se glorifiait jamais de ses talents musicaux. Ses succès ne lui montaient pas à la tête.
Quand elle a fini le pensionnat, nous parlions surtout de musique. Cependant, elle avait de grandes ambitions, elle entrevoyait même à l’horizon le Prix d’Europe. Aujourd’hui il me semble que sa prétendue ambition était là seulement pour cacher que son unique objectif était le grand amour de Dieu qui l’envahissait.
Elle était très charitable avec les pauvres. Elle pouvait travailler nuit et jour pour aider ceux qui lui demandaient quelque chose, y compris en le confectionnant de ses mains. Il semblait qu’elle comprenait toutes les misères et qu’elle savait soigner toutes les blessures. Elle avait une bonne parole pour tous, sa serviabilité était à toute épreuve et de chaque instant.
Une voisine disait : Dina était une jeune très distinguée, pas capricieuse, généreuse. Elle ne demandait rien à ses parents, elle se contentait de tout. Nous étions pauvres, j’avais onze enfants. Quand mon mari lui demanda d’être la marraine d’une de mes filles, elle se montra contente et honorée. Depuis New-York, malgré son gros travail, elle nous écrivit une fois par mois.
Elle était attentive aux besoins des autres. Une compagne nous dit : dans une saynète musicale je devais avoir le rôle de mendiante ; je n’avais pas de manteau sombre et je ne savais pas quoi faire. Spontanément Dina m’a prêté le sien après lui avoir enlevé les boutons, ce qui le rendait plus misérable.

Quelqu’un qui la connaissait très bien affirma que Dina eut à soutenir des luttes à cause de son caractère, mais que les efforts et les progrès furent constants. Les contretemps et les réelles déceptions qu’elle rencontrait sur son chemin ne chassèrent pas sa sérénité, ni estompèrent le sourire qui la rendait si séduisante.

vendredi 18 novembre 2016

TÉMOIGNAGES: Ses compagnes


Aujourd'hui je vais te partager comment ses compagnes de classe la voyaient : veux-tu ?.

Elles disent que Dina était toujours ponctuelle et attentive en classe. Elle n’a jamais trouvé de prétextes pour ne pas aller à l’école. Très douée, studieuse, méthodique dans son travail, elle ne perdait pas une minute. La meilleure dans toutes les matières. Elle était la première, sans s’enorgueillir. Très généreuse : un jour, elle voulut laisser à une autre, qui avait un dixième de points de moins qu’elle, la première place pour laquelle elle avait lutté et à laquelle elle avait droit. Elle a laissé le témoignage d’une bonne élève, unique en son genre.
Une a dit qu’elle était un peu nerveuse. Plutôt timide, mais elle faisait des efforts pour vaincre sa timidité. Un peu honteuse en raison de sa taille supérieure à la moyenne. L’expression de son regard un brin craintif fit qu’on l’appela pour rire “notre petite gazelle” et cela l’amusa. Malgré sa timidité, s’il s’agissait d’aider ses compagnes, elle le faisait. Si quelques-unes faisaient des espiègleries, jamais elle ne les dénonçait, mais disait la vérité si on le lui demandait. Elle ne mentait jamais.
Elle était docile à ce que ses maîtresses lui indiquaient, meilleure que nous, pour ceci nous la ridiculisions l’appelant Sainte Dina, divine Dina. Ce n’était pas de la méchanceté, c’était pour la taquiner, bien qu’il y avait un fond d’admiration. 
Elle était très humble et n’avait pas de prétentions. Elle faisait tout naturellement. Elle était simple, délicate, distinguée et d’abord facile. Elle ne parlait pas d’elle-même et encore moins de ses talents ; si on le lui mentionnait, simplement elle en était reconnaissante. Elle cherchait à disparaître. Elle ne prenait pas les premières places aux réunions. Elle parlait peu, mais quand elle le faisait, ses conversations étaient sérieuses, agréables et d’une grande aménité, s’informant de tout ce qui nous intéressait.
Elle s’oubliait pour penser aux autres. Elle avait toujours un bon mot pour ceux qui la contrariaient. Elle n’aimait pas qu’on parle mal du prochain. Elle savait excuser ses défauts. Elle n’avait jamais de critique dans ses conversations, ni une parole désagréable pour les autres. Quand elle parlait de quelqu’un, elle cherchait toujours à trouver une bonne qualité. Une compagne raconte que jamais elle ne lui entendit une critique; si je critiquais quelques fois, elle trouvait toujours une excuse en supposant de bonnes intentions; elle corrigeait mon jugement mais sans être dure. Je n’ai pas su qu’elle aurait faire souffrir quelqu’un; elle était trop délicate pour cela.
Elle avait un fort tempérament, mais toujours le même humour. Au dortoir, j’étais près d’elle et le matin, je la voyais toujours avec le même sourire. Lors d’un examen de musique, on lui demanda quelque chose qui l’a surprise et qui l’a abasourdie; elle rougit et parut très contrariée mais rapidement reprit l’habituelle maîtrise d’elle-même. Elle était lente et une fois sa mère lui reprocha de me faire attendre ; elle ne se fâcha pas et sourit humblement. 
 Sa vie transparaissait dans ses écrits comme dans un miroir. Quand on les questionnait sur ceci, ses compagnes disaient: ce qu’elle raconte de son enfance et adolescence est vrai. Nous voyions que quelque chose la comblait du dedans.

jeudi 10 novembre 2016

TÉMOIGNAGES: Ses parents

Nous avons suivi Dina au long des différentes étapes de sa vie : famille, enfance, collège, jeunesse, études de piano et harmonie, New-York, fêtes, concerts, vie religieuse, apostolat, maladie …. Une vie ordinaire, comme celle de beaucoup de personnes, mais vécue extraordinairement avec une clé unique : Dieu
Les grands dons qu'Il lui a offerts passaient inaperçus aux yeux des personnes qui vivaient avec elle, mais se reflétaient dans la portée du quotidien, vécus avec une fidélité exquise à ce Dieu qui communiquait avec elle et dont elle restait à l'écoute, pour ne perdre aucune note de la symphonie.
La partition de sa vie ne serait pas complète si nous n'entendons pas quelques témoignages de ceux qui l'ont entourée : commençons par ses parents.
Sa maman dit :
Elle travailla son caractère   
Dina n’aimait pas être contrariée, ni corrigée, elle avait un caractère fort. Dans sa petite enfance, elle  avait de petites crises quand on la contrariait. Une fois je lui demandai quelque chose et très fâchée elle me dit “non”. Son père voulut lui donner une leçon en trépignant avec elle… Dina comprit et ne le fit plus jamais. Combien de volonté pour vaincre son tempérament fort !
Elle assuma avec paix les événements que la vie apporte
Quand il leur arriva un revers de fortune, elle fut celle qui consola sa mère.
Sa maman aimait chanter et elle a cessé de le faire. Dina s’en rendit compte et lui dit : "Dieu sait ce qu'il fait. Peut-être, tu serais orgueilleuse de la maison ou de tes vêtements. Peut-être, Dieu le veut ainsi". D'autres fois, pour m'encourager, elle disait : " attends à demain, cela changera".
Quand sa mère eut l'accident qui empêchait Dina d'aller à New York, malgré le sacrifice qu'elle faisait, elle a dit simplement : "Si je ne peux pas laisser la maison, je resterai".
Ses parents racontent :
Elle gardait sa vie de prière 
Dina se couchait tard et le matin, en raison de la fatigue, elle était lente à se lever, mais elle n'a jamais cessé d'aller à la Messe de 7h. Elle s'empressait de faire les devoirs du collège, pour prier devant le Très Saint Sacrement l'après-midi. Ses parents disent que, après avoir communié, on la voyait totalement absorbée en adoration et quand elle priait avec eux elle était très attentive. Son père dit : elle était très discrète sur les grâces qu'elle recevait.
Fidélité au quotidien
Elle était très énergique et tenace dans ses volontés et, surtout, si la chose était juste, elle persévérait en cela. Elle avait un grand esprit de famille. Elle était très sensible. Elle aimait l’ordre.
Elle menait une vie tranquille. Elle faisait de la musique trois ou quatre heures par jour. Elle était reconnaissante de tout et trouvait qu’ils en faisaient trop pour elle.
Dès sa petite enfance, elle aimait la nature, admirait les merveilles de Dieu, surtout les fleurs, les oiseaux beauté des nuages, des arbres, le ciel, des clairs de lune ; tout servait à Le louer.
Très généreuse, elle partageait tout avec les autres. Elle a toujours été fidèle à dire la vérité et révéler sa pensée sans dissimulation. Ses parents ajoutent ne lui avoir jamais reproché un mensonge. Elle était respectueuse, après avoir entendu une critique, elle disait : “Nous ne savons pas son intention”. 

lundi 31 octobre 2016

Elle parvint à être sainte

La renommée de sainteté de Dina s’est étendue très tôt. Presqu’immédiatement après sa mort, beaucoup d’écrits ont été divulgués racontant sa vie. Beaucoup de personnes les ont lus, surtout son Autobiographie, traduite en plusieurs langues et qui en français a déjà atteint la 5° édition. Ceux qui la lisent restent étonnés de l’œuvre de Dieu en une simple créature. Ses restes sont dans la chapelle de notre maison de Sillery au Québec et les visites se multiplient à sa tombe, pour la prier et lui demander d’innombrables faveurs.


Le 20 mars 1993 le Pape Jean Paul II l’a déclarée Bienheureuse dans la Basilique St Pierre de Rome. Dans son homélie, il prit les mots de St Paul pour nous dire : “Nous vous exhortons à ne pas recevoir en vain la grâce de Dieu ”. C’était ce que Dina a fait durant toute sa vie, en nous donnant un témoignage lumineux de dialogue intime avec Jésus qu’elle chercha toujours avec toute la finesse de sa sensibilité et dont le talent  pour la musique l’a préparé pour accueillir la présence divine et une louange à Dieu qui va au-delà des mots. Dina a rencontré la perle cachée, le trésor dont parle l’Evangile et pour lequel on est disposé à tout vendre.
Dans sa vie, elle incarna à la perfection le charisme de sa Fondatrice : révéler la bonté agissante du Christ. Son cœur apostolique s’est consumé en brûlant pour faire connaître et aimer Jésus et Marie jusqu’aux confins du monde. Cela ne lui a pas suffi, elle veut continuer sa mission dans l’éternité en mendiant l’amour au profit de toutes les âmes, pour la plus grande gloire de Dieu.
Par son témoignage prophétique, écrit à la demande de ses supérieures, Dina atteint les jeunes, les adultes, les prêtres, les personnes consacrées, les artistes, les malades, en un mot tous ceux qui en la regardant s’ouvrent à l’amour de Dieu, l’unique capable de transformer une vie et de donner la vraie joie.

C’est le sillage que laissent les saints. Sur la terre, sa vie finit, mais sa lumière continue d’illuminer le sentier, pour que nous ne nous laissions pas emprisonner, ni stagner dans la boue du chemin. Les saints ont su voir très loin. Si nous les laissons, ils peuvent nous soulever sur leurs épaules, pour que nous puissions nous aussi voir plus loin, comme le père soulève son fils, quand il ne peut pas voir ce que ne lui permet pas sa petite taille... Dina est disposée à le faire : laisse-toi soulever par elle ! 

jeudi 20 octobre 2016

Qui a été Dina ?



Dina, une créature simple, marquée par une grande sensibilité artistique, qui désire seulement “aimer et laisser faire Jésus et Marie”. Elle fut non seulement une jeune pianiste, compositeur, apostolique et mystique, dotée d’un grand talent musical, applaudie et adulée avec un avenir brillant auquel elle renonça pour se donner totalement à Jésus, mais aussi la religieuse qui en silence se laissa capturer pleinement par Jésus, avec une intense expérience spirituelle. Dieu seul fut son tout et jamais elle ne lui dit non ; son existence s’est consumée en Lui par des réponses ininterrompues de fidélité à la grâce.
Nous ne pouvons pas comprendre ce que signifie s’enfoncer dans les profondeurs d’un Dieu qui est Trinité. Je ne sais pas non plus te l’expliquer. A Dina, Dieu lui fait ce cadeau et elle nous le raconte simplement dans son Autobiographie avec toute la beauté et sensibilité de l’artiste toujours attentive à la voix intérieure de Jésus. Mais, regarde, la sainteté de Dina n’est pas précisément en ces aspects extraordinaires comparables à ceux de beaucoup de grands mystiques. Elle fut sainte parce que jamais elle n’a rien refusé à Dieu, a fait de sa vie une rapsodie interprétée en clé d’amour, sur une partition de l’Evangile : “Si quelqu’un m’aime, il gardera ma Parole, et mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui et nous ferons en lui notre demeure”.

Après sa mort, la constatation a été unanime pour dire que la sainteté de sa vie répondait à ce qu’elle avait écrit et que  grâce à sa grande réserve elle put la cacher aux yeux des autres, sans que personne ne puisse l’imaginer.
Les témoignages reçus parlent d’une fidélité constante à la grâce, d’avoir toujours été très sincère, de se rappeler qu’elle n’a jamais mal parlé des autres, de savoir prendre toujours le parti  des autres quand on parle contre eux, d’avoir toujours une bonne parole pour tous,  de ne l’avoir jamais vu découragée dans les moments difficiles ou durant sa dure maladie, de ne jamais se plaindre en acceptant tout sans manifester ses goûts ou ses répugnances, d’assumer ce qui lui coûte et suivre ensuite joyeuse, d’avoir été très ingénieuse pour passer inaperçue et pour faire valoir les autres, de voir la quantité de travail qu’elle a fait,  bien qu’elle ait été malade et retirée à l’infirmerie, d’avoir été toujours très bonne avec ses élèves, de faire tout cela avec une grande simplicité et de ne pas se faire remarquer en rien, de ne jamais se glorifier de son talent musical en sachant toujours mettre en valeur les autres.

Peut-être, tu peux dire la même chose que ce qu’a formulé une jeune qui avait vécu avec elle : “j’avais une amie sainte et je ne le savais pas”. Oui, Dina peut être aujourd’hui ton amie et tu ne te repentiras pas de l’être d’elle.

lundi 10 octobre 2016

La fin arrive

Un autre moment important dans la vie de Dina approche. Arrive le moment durant lequel dans la vie religieuse se renouvellent les vœux faits il y a cinq ans et cette fois c’est pour toujours.  Elle, dans son cœur, leur avait déjà donné un caractère perpétuel ce 15 août 1923, mais maintenant elle avait à le faire publiquement. Ces années ont passé et Dina est consciente d’être totalement absorbée par Jésus, dont elle cherche seulement à le laisser faire ; la grâce remplit sa vie et elle s’efforce à lui donner toujours des réponses de fidélité.
Dina a goûté et goûte l’expérience de Dieu et en elle brûle le désir de le communiquer aux autres. Si son activité apostolique a été réduite par la maladie, cela ne l’a pas été pour son esprit missionnaire. Son élan apostolique de travailler pour le salut de tous les hommes prend la dimension du monde. Elle veut parcourir l’univers et découvre que sa mission dans l’éternité, dès maintenant jusqu’à la fin des siècles, est et sera d’irradier, par l’intermédiaire de la Vierge, l’amour de Jésus sur tous les hommes. Jésus a dit : “Demandez et vous recevrez …”   Sûre de cela Dina dit : “ dans le ciel, je serai une petite mendiante d’amour ; j’ai ici ma mission et je la commence immédiatement.” Elle a compris que les hommes sont solidaires les uns des autres, tant dans la vie spirituelle que dans la vie sociale, et elle se sent solidaire du monde entier, en aimant et en laissant faire Jésus et Marie. Dina veut que tous se sauvent, que personne ne se perde ; pour cela, elle affirme : “j’aimerais fermer l’enfer pour toujours”.
Etre solidaire des autres n’est pas toujours faciles. C’est agréable quand la solidarité amène à partager des succès, des moments heureux…. C’est dur quand il faut la pratiquer en silence, dans la solitude, sans voir les résultats…c’est ce que Dina vit dans une simple chambre d’une infirmerie. Sa vie se dépense et son apostolat reste dans le silence joyeux de l’anonymat, vivant dans la foi ce que Jésus lui présente à chaque moment et qu’elle veut lui donner parce qu’elle continue de le laisser faire…

La maladie suit son cours et la souffrance ne change en rien sa préoccupation pour les autres. Par moments, c’est si intense qu’elle a besoin de dire : “Jésus, viens vite me donner du courage ”. A partir de juillet 1929, Dina cesse d’écrire ; les forces ne lui permettent plus de le faire. Cependant, par fidélité elle continue de dire à sa supérieure ce qu’elle vit en son cœur. Les autres qui la visitent ne soupçonnent rien, ils admirent seulement sa sérénité, la joie et l’amabilité qu’elle montre à tous ceux qui s’approchent. Elle ne perd pas le sourire pour lequel elle lutta un jour au commencement de sa vie religieuse. Ses parents la visitent et elle souffre de les voir souffrir.
Après avoir eu une vie ordinaire mais remplie d’un amour extraordinaire, arrive le 4 septembre 1929. Vers trois heures de l’après-midi, quelques brèves respirations très tranquilles, presqu’imperceptibles, ouvrent pour Dina la rencontre définitive avec Jésus.


jeudi 29 septembre 2016

Vie apostolique

 Suivons Dina. Le médecin détecte un début de maladie plus sérieuse que l’antérieure. Cela la mène à reprendre et à interrompre plusieurs fois l’enseignement. Dina fait le sacrifice d’avoir à laisser les élèves qu’elle a connues, aimées et pour lesquelles elle a été toujours une excellente éducatrice.  Parfois, quand les choses ne sont pas comme nous les avons prévues, cela nécessite une grande indifférence pour les accepter et les assumer. Dina expérimente ses limites et avec cela le sens d’être créature face à Dieu et doit renoncer à beaucoup de choses, pour continuer de placer Jésus comme son unique Principe et Fondement.
Plusieurs fois, Dina se donne avec passion à l’enseignement de la musique entre St Michel et Sillery. Sa fréquente permanence à l’infirmerie l’éloigne souvent de l’enseignement mais ne réussit pas à éteindre son ardeur apostolique. Dina sait que devant beaucoup de possibilités attractives, il faut choisir quelques-unes et renoncer aux autres ; elle l’a déjà fait avant d’entrer dans la vie religieuse et maintenant elle est convaincue de ce que cela est “aimer et laisser faire Jésus et Marie”.
Par ailleurs, Dina n’oublie jamais que la vie religieuse est une consécration pour la mission et qu’elle fait partie d’une Congrégation essentiellement apostolique. La mission est une passion pour Jésus et en même temps, c’est une passion pour l’humanité.  Maintenant elle a à laisser l’enseignement mais non l’apostolat. Quand elle ne peut pas être avec les élèves, elle se multiplie aidant ses sœurs à travers des compositions musicales, des travaux littéraires, des traductions en anglais, des corrections d’exercices, des copies de registres, poésies, saynètes pour les fêtes, écrivant des lettres aux anciennes élèves, amies et des proches qui sollicitent son aide ou quelque religieuse, professeur de piano, convertissant cette correspondance en d’authentiques leçons de musique. L’inactivité imposée par la maladie fut totalement apostolique et ainsi elle fut pleinement contemplative dans l’action.

Dans l’un de ses séjours à St Michel, elle commence à écrire en mars 1924 son Autobiographie dont je t’ai déjà parlée. Par elle se découvre à nous les étapes de son cheminement mystique. C’est un texte fascinant, un dialogue avec Jésus qui va la mener, parmi des nuits obscures et de grandes consolations, à des sommets insoupçonnés de la grandeur de Dieu. Je ne sais pas te le traduire ; il faut la lire directement parce que dans beaucoup de moments, c’est un abîme qui donne le vertige. Si un jour tu la lis, n’oublie pas que c’est écrit par une personne de forte sensibilité artistique et, comme je te l’ai dit, avec un langage spirituel du début du XX° siècle, très différent de ce que nous utilisons aujourd’hui. En plus, elle doit refléter les étapes plus profondes de sa contemplation de la Trinité, avec un dialogue qui va au-delà de l’humain, une symphonie entre Dieu et Dina que souvent seulement le silence peut transcrire ou bien il faut utiliser des termes absurdes du langage humain pour pouvoir exprimer des réalités si profondes qui nous échappent.

lundi 19 septembre 2016

Professeure de piano

Pour Dina commence sa vie apostolique. On l’envoie au Collège de Saint-Michel de Bellechasse pour remplacer, comme professeur de musique, une religieuse malade. Quand celle-ci revient, Dina retourne à Sillery où elle continue à enseigner mais seulement huit jours.  Elle doit se retirer et rester isolée durant une quarantaine, parce qu’elle a contracté une maladie contagieuse, à soigner une élève qui a la scarlatine à St Michel. A l’infirmerie, deux choses lui font mal : ne pas pouvoir communier durant plusieurs jours puisqu’elle est isolée et savoir que ses soeurs sont surchargées de travail avec les emplois qu’elle ne peut réaliser.
Dans cette longue solitude, Jésus se dévoue à elle et lui apprend à vivre totalement abandonnée à son action. Jésus se substitue à elle et elle le laisse faire. Dina nous dit : “Déjà, nous ne sommes pas deux : Jésus et moi. Nous sommes un : Jésus seul. Il se sert de mes facultés, de mes sens, de mes membres. Il est celui qui pense, veut, fait, prie, regarde, parle, marche, écrit, enseigne, en un mot, celui qui vit. Je suis toute petite au milieu de son Cœur, si petite que lui seulement peut me voir. Je lui ai tout abandonné…mon unique emploi est de le contempler et de lui dire sans cesse : Jésus, je t’aime…! C’est le chant du ciel, mon éternité a commencé. Je suis heureuse ! »  Là est son idéal : « laisser faire Jésus ». Cet idéal la portera au sommet de l’union intime avec Dieu. Ce laisser faire ne signifie pas qu’il n’y a rien à faire, elle va remplir sa vie apostoliquement aimante et comme elle sait que l’amour ne peut aller sans souffrance, elle enlève une partie de son ultime devise et elle reste seulement avec “Aimer !”.
Le 7 décembre, Dina sort de son isolement après une prolongation de neuf autres jours. Elle reprend l’enseignement et d’autres emplois avec les élèves. Elle est heureuse en se donnant aux autres. Dans une retraite de fin d’année, consciente de ce que la Vierge est toujours à son côté pour ‘laisser faire Jésus’, elle veut aussi la laisser faire à Elle. A partir de ce moment, elle trouve la devise qu’elle a cherchée longtemps et qui résume  toutes ses aspirations. “Aimer et laisser faire Jésus et Marie ”. Un écho de “aime et fais ce que tu veux ” de Saint Augustin.
Pour elle : Aimer, c’est jusqu’à la folie, jusqu’au martyre.  Laisser faire Jésus, c’est l’abandon total, c’est le laisser agir librement. Laisser faire Marie c’est lui confier le fait que Jésus puisse se réaliser pleinement en elle. Ainsi elle se sait totalement apostolique, parce que laisser Jésus agir c’est faire sien l’œuvre de salut de toute l’humanité.
Nous nous trouvons devant quelqu’un qui a totalement disparu, pour que Jésus soit l’unique qui vive en elle. Dieu dépasse tout et seulement lui peut combler avec son infinitude notre petitesse. Ce qu’un jour Jean Baptiste a dit au Jourdain : “il faut qu’Il croisse et que je diminue”, s’est réalisé de telle manière en Dina que cette croissance a déjà tout envahi et l’a totalement substituée.

Cette substitution sera le fil conducteur de toute sa vie et la conduira jusqu’à vouloir épuiser Jésus, l’Infini, pour pouvoir satisfaire pleinement l’Infini.. “ Epuiser l’Infini, satisfaire l’Infini”, paroles absurdes dans le langage humain.  Dina nous dit que cela n’importe pas parce que dans le ciel il n’y a pas de paroles, l’amour est le langage sublime et ce qu’elle n’est pas capable d’exprimer, il lui suffit de savoir que Dieu le comprend.

vendredi 9 septembre 2016

Religieuse de Jésus-Marie

Dina suit un chemin ascendant. Son intimité avec Jésus croît, elle s’identifie à lui. Elle continue, écoutant la voix, que depuis petite, elle a entendue en son cœur, parfois non seulement dans la prière, mais aussi dans le travail et même durant les moments de recréation. Extérieurement, comme toujours, personne ne remarque rien. Elle partage avec ses compagnes, se divertit avec elles et dans son cœur le Seigneur se manifeste à elle.  En elle, domine chaque fois plus la confiance en Jésus et parfois, elle se prend la liberté de lui dire des folies, oui des folies ; n’est-ce pas vrai que quand deux êtres s’aiment beaucoup, on ne trouve pas les mots appropriés pour exprimer cet amour ? Jésus se convertit chaque fois plus dans la “Vie de sa vie” et, un jour elle l’entend qu’il lui dit : “Je suis celui qui travaille en toi et pour toi, dorénavant tu t’appelleras Jésus, mais quand tu feras quelque folie cela viendra de toi et tu t’appelleras Cécilie ”.  Et, tu sais ?  Dina se rend compte de ses légèretés et alors elle entend une voix qui lui dit : “cela l’a fait Cécilie”. Jésus commence à se substituer à elle et cette substitution, qui ira croissante, traduit ce que dit Saint Paul : “Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi.”

Son amour de l’Eucharistie, que depuis sa première communion l’avait envahie, augmenta. Un jour, tandis qu’elle était devant le Saint-Sacrement exposé à la chapelle du noviciat, il lui paraît voir une multitude de personnes qui courent à leur perdition. Jésus lui dit qu’elle peut les sauver, en priant pour elles et en lui offrant de petits sacrifices ; comme un véritable apôtre, elle le fait immédiatement et elle voit comment la grâce gagne et ceux qui couraient à leur perdition abandonnent ce chemin. En plusieurs moments, elle a une soif ardente de sauver des âmes et sent pour cela une grande responsabilité qui va la poursuivre toute sa vie. Elle ne peut pas s’enfermer dans sa vie intérieure ; elle a besoin d’ouvrir des espaces pour les autres. Souvent, elle répète : “ mon Dieu, je te demande la grâce de vivre et de mourir martyr d’amour, victime d’amour, apôtre d’amour ”. En juin 1923, sa devise se profile “aimer et souffrir.” En elle, tout est une ascension constante et rapide. Son amour et son désir de s’unir à Dieu sont si intenses que, avec Ste Teresa d’Avila, elle peut dire : je meurs de ne pas mourir … 


A mesure que les jours passent, en Dina croît le désir d’appartenir radicalement à Jésus, de se livrer totalement à lui par les vœux d’obéissance, pauvreté et chasteté. Déjà dix-huit mois ont passé depuis qu’elle a commencé le noviciat et arrive le tant attendu 15 août 1923. Ses parents sont présents, un de ses cousins célèbre la Messe, et aussi le prêtre qui l’a dirigée spirituellement la moitié de sa vie. 
Dina prononce publiquement les vœux qu’elle avait déjà offerts au Seigneur d’une manière privée.  Bernadette, son amie de New-York, fit aussi sa profession le même jour. Dina est déjà Religieuse de Jésus-Marie, la Congrégation fondée à Lyon (France) par Claudine Thévenet en 1818.
Avant de laisser le noviciat, elle concrétise ses sentiments en une poésie ; c’est l’idéal qu’elle poursuit : “Jésus, je serai sainte”.

lundi 29 août 2016

Le Noviciat

Même si nous savons que Dina a un nouveau nom maintenant, nous continuerons à l’appeler Dina, parce que cela nous semble plus familier.

Commence le noviciat et son leitmotiv est de ne rien refuser à Jésus. Elle a envie de se livrer totalement à Lui. Dans son cœur brûle le feu du “magis” ignatien et elle veut toujours donner plus et plus à Jésus en étant fidèle en tout à la grâce.  Elle résume ses désirs en disant : Jésus, je veux être sainte et avec ta grâce, je le serai. Vouloir être sainte c’est d’avoir très clair dans la vie la primauté de Dieu et de travailler pour sa plus grande gloire.

Par le Baptême, tous, toi et moi aussi, nous sommes appelés à être saints et être saints ce n’est pas autre chose que développer au maximum la grâce reçue ce jour-là. Par notre négligence, les cordes de l’amour, parfois, se désaccordent et c’est nécessaire de les ajuster constamment ; nous ne sommes pas capables souvent mais Dieu, si nous le laissons, se charge de le faire. Dina, avec son tempérament artiste, toujours sensible et inconditionnellement fidèle à la grâce, veut maintenir la harpe de sa vie très juste, pour que Jésus puisse toujours la toucher. La devise qu’elle s’est fixée au sortir du pensionnat : plutôt la mort que la souillure, ce n’est pas assez ; elle veut l’imprégner totalement de l’amour et qu’apparaissent dans sa devise les noms très chers. Elle trouve ce qu’elle désire : “Jésus et Marie, la loi de mon amour et mon amour, la loi de ma vie”.

Dina s’occupe de différents travaux propres au noviciat : propreté, couture, buanderie, étude… tout ce qui la prépare à la vie religieuse d’enseignement. Elle prend part aux récréations et diversions. Comme elle est très subtile, elle écrit des saynètes dans lesquelles elle-même présente des rôles amusants. 
Elle continue à donner des cours de piano; elle aime beaucoup toutes ses élèves, mais, suivant les préférences de Claudine, Fondatrice de sa Congrégation, ses préférées sont les moins douées. Personnellement, elle continue l’étude de la musique et s’initie aussi au travail littéraire. Elle revoit les règles de la versification et commence à composer des poésies. Au début, elle ne trouve pas la facilité et selon elle, elle a plus souvent le dictionnaire en main en cherchant des mots plutôt que de le laisser reposer sur la table. Elle ne se décourage pas et avec l’aide du Seigneur, les rimes coulent plus facilement. Est-ce que commence à s’accomplir ce que Jésus lui avait dit “tu feras du bien par tes écrits ”. Jamais elle n’arriva à comprendre tout le sens de ces paroles. Peu s’imaginait que ça serait à travers son Autobiographie.

Les jours passent. Dina n’est pas toujours accompagnée de ferveur sensible ; il y a des longs moments durant lesquels Jésus se tait, mais sa volonté est forte pour continuer avec le désir de ne rien lui refuser. Quand l’obscurité est plus forte, elle se met dans les mains de Marie pour ne diminuer en rien le “plus”, le « magis », qu’elle a promis à Jésus. La souffrance est présente au milieu de grandes consolations. Elle ne veut pas se laisser bercer d’illusion, elle a besoin de discerner et bien que très réservée et timide, il lui coûte beaucoup de communiquer ce qu’elle vit en son cœur, elle le partage simplement avec la religieuse responsable du noviciat. L’obéissance “avant tout ” est une caractéristique que Claudine a voulu imprimer à sa Congrégation, Dina la fit totalement sienne et nous dit que l’obéissance fut toujours son refuge.

jeudi 18 août 2016

Si tu commences…

Dina entre au noviciat et en premier ce qu’elle lit sur un panneau est : “si tu commences, commence parfaitement”. 
Cela l’impressionne fortement et elle est disposée à le vivre. La vie commune continue d’être pour elle une grande souffrance, non parce qu’elle n’aime pas ses compagnes, elle donnerait sa vie pour n’importe laquelle d’elles mais, dotée d’une grande sensibilité, les petites difficultés lui offrent la possibilité d’un constant oubli d’elle-même.
Pour rien au monde, elle n’abandonnerait sa vocation, mais la nostalgie la poursuit toujours durant quelques semaines. Elle écrit : “Parfois, quand je me promenais seule, me venait l’idée de m’en aller sans chapeau ni manteau ou durant la nuit de m’échapper par une fenêtre.” Elle lutte sans cesse et cela lui fait mal de laisser apparaître extérieurement ses sentiments naturels parce que, parfois, les larmes lui viennent. Elle décide d’entreprendre le travail de toujours sourire parce qu’elle-même se dit “un saint triste est un triste saint”. Jésus lui faisait comprendre que la vraie joie intérieure doit se refléter à l’extérieur. Ce n’est pas toujours facile. Si parfois tu l’as éprouvé, tu sais ce que coûte de ne pas faire une triste figure quand les choses extérieures t’ennuient.

Les jours passent. Elle commence à donner des classes de piano. Cela l’enchante et elle propose que Jésus soit le vrai professeur. Cela ne lui semble pas difficile parce qu’elle sait que Jésus vit en elle. Les classes sont des moments heureux pour elle et pour ses élèves ; elle est exigeante mais tellement aimable que toutes se souviennent d’elle avec grande affection.
Jésus continue de se communiquer à son cœur. Dina l’écoute pour lui plaire en tout. Un jour, à Noël, Jésus l’invita à jouer et lui dit que celui qui aime plus gagnera. Le tournoi se fait difficile, mais à la fin ils restent à égalité parce que Dina, devant tout l’amour que Jésus lui offre, se dit qu’elle l’aime avec ce même amour. Un autre jour, le jeu se fait plus compliqué parce que cette fois, c’est le jeu de la croix et gagnera celui qui le mène le mieux. Elle commence à voir que Jésus gagne ; les réponses de Dina sont chaque fois plus vacillantes, jusqu’à ce qu’il lui arrive de tourner son regard vers la Vierge la suppliant de l’aider. La lumière ne tarde pas et Dina le dit à Jésus qu’elle unit ses pauvres croix aux siennes et ainsi ils acquièrent le prix de la croix de Jésus. De nouveau ils sont à égalité. Cela te paraît un jeu enfantin ? Ne le crois pas, quand on s’aime pour de vrai, on dit des choses que les autres ne comprennent pas, mais ceux qui s’aiment ont besoin de l’exprimer de mille façons.


Arrive le 15 février 1922. Qu’est-ce qui se passe ce jour-là ? Je ne sais pas si tu es au courant que dans la vie religieuse il y a une première période d’essai, avant de commencer le noviciat à proprement parler. Cette période se termine par une cérémonie au cours de laquelle la jeune, en plus d’un habit reçoit un nouveau nom. Dina, désormais, s’appellera Marie de Sainte Cécile de Rome. Pour elle ce fut une grande joie. Le nom commençait comme celui de la Vierge et, comme une bonne pianiste, on ne pouvait pas ne pas lui avoir ajouter l’un des meilleurs,  qui est celui de Sainte Cécile Patronne de la musique, qu’elle avait toujours aimée et qu’elle invoquait depuis longtemps. De plus, Sainte Cécile comblait ses aspirations : vierge, martyr et apôtre.

lundi 8 août 2016

Nostalgie

Arrive le 11 août 1921. Ses parents l’accompagnent au noviciat que les Religieuses de Jésus-Marie ont à Sillery (Québec). 
Elle raconte que dans son cœur régnaient l’obscurité et le dégoût mais qu’à peine la porte franchie, une force intérieure l’obligea à dire : “C’est chez nous ! ”. Cela la convainc d’être là où Dieu la veut sans lui enlever le mélange de sentiments naturels que vit celui qui est dans les ténèbres. Ses désirs de solitude, ses rêves de la vie religieuse ont disparu, et d’autre part elle savait que Jésus était avec elle. Quand quelque chose coûte beaucoup, alors qu’on pense qu’on est en train de faire ce que l’on doit faire, n’est-ce pas qu’on sent un mélange de paix, d’angoisse et de sécurité …? Il y a quelque chose d’inexplicable qui fait souffrir, mais en même temps cela donne de la joie. C’est ce qui est arrivé à Dina.
Je te dis que Dina n’est pas la première, ni l’unique qui a ces sentiments, qui dans le fond se résument à ne pas comprendre ce qui se passe.  Il y a eu une femme, la Vierge, qui elle aussi n’a rien compris à Nazareth quand un ange lui annonça le grand mystère qui allait arriver et, cependant elle dit OUI sans comprendre tout clairement. Bien que le OUI de Dina n’a pas de comparaison avec celui de Marie, c’est très possible qu’elle l’a eu présente à l’esprit en ces moments, parce que, même si je ne te l’ai pas dit avant, Dina, depuis toujours, aimait beaucoup la Vierge et s’adressait à elle dans les moments difficiles.  

Avec tout cela, ne crois pas que, durant ces premiers jours la vie fut si facile. Dina continue dans l’obscurité, la tentation et le découragement la poursuivent. Tout lui paraît presqu’impossible.  “Tu vas vivre ici jusqu’à la fin de tes jours? Tu vas te soumettre à ces exigences qui sont autant de fardeaux ?”
Le fait de vivre ensemble est la chose qui lui coûte le plus… En elle naît une grande nostalgie de sa maison. Personne ne remarque rien, ni elle ne va le communiquer, seulement quelques êtres très discrets vont le savoir. Un jour, dans le jardin, elle découvre le poulailler et avec le cœur serré, elle dit aux poules : “ah ! vous êtes chez vous, profitez-en bien ! oui, profitez-en !”. Son état d’âme est ainsi… En plus, pense qu’elle n’aura pas la possibilité de vivre sa vie de prière dans la solitude; plusieurs fois par jour, elles se réunissent toutes à la chapelle pour une prière en commun et Dina croit déjà qu’elle ne pourra plus parler intimement et seule avec Jésus. Elle attend autre chose … Un jour, elle revoit le premier moment quand une voix lui fait dire ”je suis chez moi” et elle se rend compte que tout ce qu’elle ressent ne vient pas de Dieu… Elle le repousse et renouvelle son grand désir de fidélité.

Ensuite arrive la retraite pour se préparer à l’entrée officielle au noviciat et la lumière et la paix reviennent. Durant ces jours, elle reçoit deux grandes grâces : la communication intime avec Jésus revient et elle sent que Dieu lui prend le cœur et met ceux de Jésus et de Marie à sa place. Elle ne sait pas comment le décrire. Elle n’aura pas déjà à les chercher à l’extérieur, elle les possède à l’intérieur. Le Seigneur lui réserve des grâces chaque fois plus grandes. En Dina va commencer une ascension continue qui nous donnera de la connaître à travers les devises qu’elle se donnera à elle-même.  Maintenant elle le résume en : “obéir aveuglément, souffrir joyeusement, aimer jusqu’au martyre.”