J’ai promis de te faire lire quelque chose de ses lettres, alors on y
va ! En lisant quelques
paragraphes, tu te trouveras avec une jeune pleine de vie, avec le désir de profiter
au maximum et surtout de faire plaisir à ses parents.

13 octobre 1916 : “… la température
est idéale… Aline et moi, nous sommes allées pour des achats, comme de vraies
américaines ! ….j’ai trouvé de très belles bottines, hautes, marrons, à 3,85 $;
j’en avais besoin et je les ai achetées, et aussi une sacoche pour 1 $. Ma
compagne est un type comique et, combien j’ai ri ! Dans un autre magasin,
des bas de soie blancs. Mercredi dans l’après-midi, toutes trois, conduites par
une irlandaise charmante, nous avons visité le musée des Beaux-Arts, ou disons
plutôt commencer à le visiter. Il faudrait passer de nombreux jours pour tout
voir là. Nous nous attardons dans la pièce contenant des pianos et des instruments
de musique…Le matin, je vais à la messe chez les Pères Assomptionnistes. …J’ai
un appétit inconnu… Sûrement que vous n’allez pas me reconnaître à Noël. Nous
jouons à la balle et nous rions ; oui, vraiment. Si les yankees ont à se faire
une idée des canadiens français à travers nous, ils n’auront pas d’autre choix
que de reconnaître la vertu de la joie… »
5 novembre 1916 : “Je reviens du concert de Paderewski. Cela vaut la peine
de partir de Québec, pour entendre cet artiste-là. Il passe actuellement pour
le premier dans le monde. Il joua huit pièces en rappel, parmi lesquelles, la
2° Rapsodie de Liszt. La foule était en délire ; la grande salle du Carnegie remplie.
Non, non, non, vous ne savez pas comme c’est beau d’être à New-York !”.